
paru en octobre 2019 aux éditions Unicité


En cas d’amour
sortez vos ceintures
là...
exactement
non pas sous le siège
dans la poche kangourou
elles sont très pratiques
elles sont élastiques
et permettent des loopings extatiques
En cas d’amour
puis trouvez pour votre nez
le masque à gaz euphorique
spécial apnée prolongée
il reste encore pour le décor
des ailes de libellules
qui libèrent les particules
En cas d’amour
envolez-vous maintenant
vers des ailleurs
insoupçonnés
et revenez revigorés
partager vos beautés
En cas d’amour
arrière
arrière arrière derrière
on a tout oublié
on est restées collées
à cette puissante réalité
un leste de côté
le vent à tourné
Shéhérazade nous a parsemées
on est des rescapées
veux-tu que je te raconte une histoire ?
Je suis une arrière-petite-fille
des fées réchappées des bûchers
je ne le savais pas
ténu le fil retrouvé
il a fallu
renoncer, délier, déprogrammer
tout un programme à l’heure mouvementée
l’or noir des veuves avait encore sonné
on avait pas assez mangé
devant tant de dangers
il a fallu se résigner
et mettre au monde le chantier
de toutes ces beautés oubliées
alors on se reconnaît
on se réchauffe
on se réapprend à travers de l’envers
le carton-pâte a fondu
on se retrouve toutes nues
déesses enfouies au bord de l’infini
on avait pas osé goûté à la voie lactée
on avait fait de nous des dames de fer
avec tous nos travers
assurant à l’outrance même dans la démence
l’heure a sonné
de dévoiler
aujourd’hui
Vénus est à mes côtés
elle veille sur moi depuis bien avant
le commencement de mon corps
pas de mon âme
j’avais oublié que j’étais là
pour faciliter la créativité
et pourtant je l’avais déjà expérimenté
perplexe existence
L'influence du hasard
l'influence du hasard
sur le bruit des pétards
sur les odeurs des fleurs
sur les genoux de ta sœur
l'influence du hasard
sur la couleur des haillons
sur l'odeur des torpeurs
sur le toucher que tu effleures
l'influence du hasard
sur tes regards hagards
sur tes pas dans le noir
sur tes mains qui pianotent
l’influence du hasard
quand bien même il serait trop tard
l’influence du hasard
et quand y’a pas de lézard ?
tu bois la tasse
tu as cru qu’a marée basse
tu pouvais amasser
tous les coquillages
récoltés
t’as rien vu v’nir
la marée est montée
vite
trop
tes chevilles se sont
d’abord
emmêlées
t’as fait un pas de côté
le premier
tes genoux ont flanché
ils n’arrivent plus à te porter
ta taille s’est déhanchée
t’as de l’eau jusqu’au
plexus
ça malaxe à l’intérieur
la vague au cou
ton âme suffoque
à peine
tes yeux vitreux globullent
en patience
tes branchies se souviennent
et t’en perds ton latin
attends c’est pas fini
les courants concomitants
arrivent
t’as déjà perdu pied
maintenant t’as plus qu’à nager
avec les baleines éventrées
les plastiques non identifiés
les nappes incolores
les algues démoniaques
ha j’oubliais
tu ne sais pas flotter ?
il te reste donc l’apnée
qui vas-tu donc rencontrer
dans les profondeurs ?
t’inquiète
tu seras pas tout seul
une flopée de grands noyés
à tes côtés
Mon black bloc
Soudain, me voilà te tenant la main. Soudain, t’entraînant dans une folle danse, je m’en balance. Les lumières éclectiques font fuir les derniers.
On va aller doucement sur le chemin.
Jamais sans espoir, jamais le premier soir. Demain est plus certain. Tu t'amarres à ce bout de ciel rougeoiyant, marrant.Empli de son énergie, te voilà dans mon lit.
Tu vas aller doucement au creux de mes reins. Ton corps slave se recroqueville dans mon antre de sorcière. Tes yeux cherchent l’obscurité grandissante, tes tympans se reposent. Et dans la nuit finissante tu arroses le verger. Ton rire fuse.
On va aller doucement sur le chemin.
Arrive ce lendemain, nez collé à la cime de la colline, ne doutant de rien. Que de petits rien, des mots parsemés, chuchotés. Ne regarde jamais le soleil sans lunettes, tu vas te brûler les ailes. L’ouverture du cœur est elle une gageure ?
Et pourtant, derrière tes rires parsemant le néant, tes pleurs réprimés, ravalés, pas encore digérés.
Petite touches par petites touches tu effeuilles les engelures. Rien ne semble te faire peur pas même ce festin dans ma tête.
On va aller doucement sur le chemin.
On rit la nuit. On frissonne aux mots absents qui résonnent sur la scène en dedans. Les souvenirs s’arrimant à nos âmes d’enfants. Ca faisait longtemps.
A notre insu. Jambes enlacées, mains tenues, lèvres tendues. Ils s’enlacent dans leurs corps, cliché aphone finissant sur la toile tendue. A notre insu.
Ne rien promettre tu disais. Ne rien attendre. Vivons !.
Mes mots doux réchauffent ton alcôve. Tu te poses. Ce n’est pas le moment. Vivons !
Virevoltant parmi tes êtres aimants tu te disperses, tu tempêtes et tu ris encore un instant. La vie s’est attachée à toi comme un tourbillon lent. Une centrifugeuse. Vît.
On va aller doucement sur le chemin.
Un matin, tu ne te retiens pas. Une feuille posée sur mon bureau et voilà que ton âme s’envole. Tu rigoles. Je te regarde. Les mots papillons ont trouvé forme sous l’éclat de tes doigts. Comme j’aimerais que tu dessines au lever du jour, toujours. Ton grand corps penché entre ton intérieur foisonnant et la texture du papier. Cette feuille tu me l’as laissée. Elle est rangée dans mon cahier d’écriture, mes notes qui trottent au vent.
On va aller doucement sur le chemin.
Avenir incertain. Tu me dis ce que je chéris avant tout est ma liberté de mouvement. Ta liberté. Cet ersatz que tu as laissé s’envoler malgré toi, au cours du destin. Celui que tu as pris comme un fouet cinglant l’air de ses lanières. Mon black bloc aguerri qui n’a jamais grandi. L’ouverture du cœur est elle une prison consentante? Je doute.
On va aller doucement sur le chemin.
Des mots rigolos, des pensées heureuses que je dépose au creux de nos discussions réelles, imaginaires ou virtuelles. Tu me réchauffes tu me disais. A chacun de tes mots déposés, ma journée se colorie. Ton rire fuse le jour et même la nuit. Lorsque tu n’es pas là, ton fantôme dort dans mon lit. Il ne fait pas de bruit. Il est. A mes côtés. Je ne m’étais pas imaginé qu’un grand corps de Viking, qu’une âme slave puisse me faire revenir à la vie. Je te le dis, tu ris.
On va aller doucement sur le chemin.
Des villes imaginaires, des habitats solidaires, la nature à l’état pur. Ça foisonne dans les courbures de ton cerveau. Dessine je te dis, dessine, je te crie. Mon bâtisseur de folie. En cadeau tu m’offres un joint de salle de bain et un robinet d’arrêt. Jamais un présent n’aura été plus concluant. Bâtisseur des profondeurs.
On va aller doucement sur le chemin.
A ma porte tu toques. A ma porte tu te loufoques. Tes yeux perçants le commencement. Tu t’excuses
de la place que tu prends. Je te la donne. Prends. Je n’ai rien à te donner tu disais. Je suis trop démantelé. Et si l’ouverture du cœur n’était pas une maladie. Je trotte, je flotte. Radieuse me dit on, amoureuse je réponds. Ce que tu m’as donné je l’ai tenu au creux de mes mains.
On va aller doucement sur le chemin.
Tu me contes le commencement, le blanc de tes dents. Fierté et solitude, la rugosité de la vie en bandoulière. J'y arriverai seul. Jusqu'où ? On ne naît pas seul, on le devient, on le maintient.je te parle du commun, tu exultes le besoin. Je n'ai rien à te donner tu disais. D'où viennent donc toutes ces beautés que j'ai récoltées à tes côtés ?
On va aller doucement sur le chemin.
Des mots imagés, des pensées imaginaires.Tu as partagé un bout de ta langue.Natale, fœtale. Un petit bout. Penses-tu que tu pourras nourrir mes neurones encore un brin malgré le temps incertain ? Je n'ai rien à te donner tu disais. Pris de panique, tu te restreins, tu ne veux plus rien. Non, merci je n'en ai pas besoin. Alors tu t'affoles, alors tu crois, que même sans l'éclat de ma voix je mens parfois. Où sont passées tes années folles? N'entends-tu pas que je reviens d'un pays que tu ne connais pas ? N'entends-tu pas que je n'ai plus rien à cacher au-delà de moi ?
On va aller doucement sur le chemin.
Elle te ressemble tu disais. Elle, ton âme sœur, ta compagne de cœur. Puis tu racontes son cheminement, ses errances, ses pleins, ses creux et ses mots cultivés, entassés dans sa demeure avoisinante. J'écoute son refrain, je devine ses lignes. Soudain, le parallèle d'une histoire qui finit dans le noir. Elle et moi, nous revenons d'un pays que tu ne connais pas. Identiques. Es tu entré dans ma vie pour me raconter mon miroir? Elle?
On va aller doucement sur le chemin.
Elle t'appelle, ça t'interpelle. Tu accours, tu la secoures. Au loin les sirènes aux bruits stridents, les lumières blafardes, l'attente qui lutte. Là revoilà. Tu la prends dans tes bras. Tu ne me laisseras pas dit elle? Non. Jamais.
On va aller doucement sur le chemin.
Un picotement dans la poitrine, mon cœur résonne à son histoire qui chancelle. Je me relie malgré moi et je ne le comprends pas. Mon ange gardien, mon âme frère, car moi aussi j'en ai un, me dit, ne t'inquiète pas ce n'est rien. Des picotements de bas en haut. Comment va t'elle ? Tu tambourines. Des bruits de parking. Tu tambourines. Silence. Ta voix danse encore une fois dans ma boite noire. Cette nuit, tu sais. Et moi, je sens.
On va aller doucement sur le chemin.
Un mot rigolo, un mot envolé au matin gracile. Tu m’appelles. Incertain. Tu ne veux pas me déranger alors tu te noies dans des phrases vides. Je pense à toi tu disais, tu as besoin de te concentrer. Crois-tu donc que je ne comprends pas? Je te regarde. A l'heure où l'on plisse les yeux, j'appuie sur le bouton vert. Je n'ai pas besoin que l'on me tienne a l'écart de la vie ni de son contraire aussi. Tu parles, tu parles. Elle n'est plus.
On va aller doucement sur le chemin.
Des cailloux dans nos genoux, un nuage noir dans notre histoire. Tu es entré dans ma vie. On ne rentre jamais dans la vie de personne tu disais. Tu es entré dans ma vie.
On va aller doucement sur le chemin.
Des larmes sur les mots jetés. Elle a fait ce qu'elle voulait. Slave tu ne sembles pas ciller. Viens sous ma couette de déesse que je prenne un peu de ta détresse. Je n'ai rien à te donner tu disais.
On va aller doucement sur le chemin.
Au café vert, une première. Mes mots sortent en goguette. Je te guette.
Elle a lâché, elle a tout laissé tomber, doucement dans le néant.
Des perles sur tes joues. Aussi quand tu pleures aussi beau tu es. Cette nuit-là encore tu ne voudras pas mélanger nos corps.
Et pourtant, tu te reprends. Avant les cendres, tu liras ces quelques mots de moi. Écrits bien avant toi. Ta voix ne vacillera pas. Elle a lâché, elle a tout laissé tomber. Un jour important pour moi. Des reliances, des histoires à outrance.
On va aller doucement sur le chemin.
Tu dis oui. Tu dis non. Je te regarde. Il y a fort longtemps dis-tu j'ai déjà connu des gens me laissant dans le noir. Toi, tu disais, tu es bien entourée. De qui? De tous ceux qui sont venus lorsque j'étais au pays que tu ne connais pas. Eux, tous. A qui j'ai raconté l' histoire du désespoir. S'entourer. J'ai assis mes amis autour du feu. On s'est regardé, on s'est enlacé, on a rit aussi. Ils sont là même dans le plus misérable des endroits. Je les vois, me tenant la main, je les entends chuchoter dans mes tympans. Et toi, ne veux tu pas que je te donne la main? Tu dis oui, tu dis non. Je regarde.
On va aller doucement sur le chemin.
La puissance de mes mains sur ton chemin. Tu ne crois plus en rien. Elle a lâché malgré votre fluidité, malgré votre complicité. Tout ton corps malmené se traîne à mes côtés. Exténué tu ne prends plus le temps de la félicité. Elle a lâché, te laissant seul sur le pavé.
Tes sourires nocturnes, ton regard diurne, tes mots oubliés, tes paroles qui s’envolent. Elle a lâché.
Pourtant au creux de mes nuits, ton corps s’était tapi, aux creux de mes nuits, ton corps s’était blotti.
Malmené par la vie, tu disais…
juin 2018